1865, Henry Hope Crealock

Deer Stalking in the Highlands of Scotland

Cet article est extrait du dernier numéro de Presse de Deers (n° 37 et 38 - 2015) et a été traduit par Mme Vinen.

Henry Hope Crealock (1831-1891) fut militaire de carrière dans l’armée britannique mais il avait aussi d’autres cordes à son arc : peintre, dessinateur, écrivain . Il était aussi passionné par la chasse au cerf à l’ancienne au point de devenir une autorité dans la matière, au temps de la reine Victoria.
Son père était notaire à Londres et l’enfant Henry manifesta très tôt un intérêt pour l’art du portrait.
Le père, qui avait de l’ambition pour ses fils, paya pour que deux d’entre eux, Henry et John, entrent dans l’armée. Henry rejoignit le 90e Régiment en 1848, épousa Julia Hatfield l’année suivante et vers 1854 avait déjà servi en Crimée avec le grade de lieutenant capitaine et adjudant de régiment. Après avoir participé au siège de Sébastopol, il fut décoré de la Croix de Guerre de Crimée, de la Médaille Turque et de celle de la Medjidieh de 5e Ordre. Par la suite, il servit en Chine dans l’Expédition Punitive menée par les anglais puis il fit la Campagne Indienne et se blessa en combattant les Zoulous en Afrique du Sud. Il prit sa retraite de l’armée avec le grade de Lieutenant Général et mourut à l’âge de 60 ans à Londres, dans sa maison de Belgravia.

Crealock commença à se rendre en Écosse et à chasser le cerf vers 1865 ; il en devint vite féru et dès que ses devoirs militaires lui laissaient des loisirs, il courait en Écosse poursuivre le cerf dans les grandes forêts qu’il lui arrivait de louer. Il aimait à faire des esquisses et des dessins pris sur le vif des chasses auxquelles il participait ; il agissait de même lors de ses campagnes militaires rapportant des croquis de la vie militaire dans les lieux où l’armée britannique intervenait. Ses illustrations sur la chasse au cerf ont souvent été comparées à celles de Landseer, l’humour en plus, mettant à mal les « gentlemen chasseurs ».
Il avait appris à connaître et à apprécier hautement le travail des gillies et il en parle souvent dans ses écrits.

À l’époque victorienne, les chasses se déroulaient souvent à un rythme tranquille ce qui permettait à des artistes comme Crealock et Landseer d’illustrer les registres de chasse de leurs hôtes et d’immortaliser la journée de chasse par des esquisses pendant qu’ils l’avait encore en mémoire.
Dans bon nombre de dessins de Crealock les cerfs sont grands et ils portent une ramure impressionnante ; ceci est peut-être exagéré ou constitue une licence que s’accorde l’artiste mais peut aussi être révélateur de la qualité des cerfs des années 1860-1870.

Cet article est extrait du dernier numéro de Presse de Deers (n° 37 et 38 - 2015) et a été traduit par Mme Vinen.

Henry Hope Crealock (1831-1891) fut militaire de carrière dans l’armée britannique mais il avait aussi d’autres cordes à son arc : peintre, dessinateur, écrivain . Il était aussi passionné par la chasse au cerf à l’ancienne au point de devenir une autorité dans la matière, au temps de la reine Victoria.
Son père était notaire à Londres et l’enfant Henry manifesta très tôt un intérêt pour l’art du portrait.
Le père, qui avait de l’ambition pour ses fils, paya pour que deux d’entre eux, Henry et John, entrent dans l’armée. Henry rejoignit le 90e Régiment en 1848, épousa Julia Hatfield l’année suivante et vers 1854 avait déjà servi en Crimée avec le grade de lieutenant capitaine et adjudant de régiment. Après avoir participé au siège de Sébastopol, il fut décoré de la Croix de Guerre de Crimée, de la Médaille Turque et de celle de la Medjidieh de 5e Ordre. Par la suite, il servit en Chine dans l’Expédition Punitive menée par les anglais puis il fit la Campagne Indienne et se blessa en combattant les Zoulous en Afrique du Sud. Il prit sa retraite de l’armée avec le grade de Lieutenant Général et mourut à l’âge de 60 ans à Londres, dans sa maison de Belgravia.

Crealock commença à se rendre en Écosse et à chasser le cerf vers 1865 ; il en devint vite féru et dès que ses devoirs militaires lui laissaient des loisirs, il courait en Écosse poursuivre le cerf dans les grandes forêts qu’il lui arrivait de louer. Il aimait à faire des esquisses et des dessins pris sur le vif des chasses auxquelles il participait ; il agissait de même lors de ses campagnes militaires rapportant des croquis de la vie militaire dans les lieux où l’armée britannique intervenait. Ses illustrations sur la chasse au cerf ont souvent été comparées à celles de Landseer, l’humour en plus, mettant à mal les « gentlemen chasseurs ».
Il avait appris à connaître et à apprécier hautement le travail des gillies et il en parle souvent dans ses écrits.
À l’époque victorienne, les chasses se déroulaient souvent à un rythme tranquille ce qui permettait à des artistes comme Crealock et Landseer d’illustrer les registres de chasse de leurs hôtes et d’immortaliser la journée de chasse par des esquisses pendant qu’ils l’avait encore en mémoire.
Dans bon nombre de dessins de Crealock les cerfs sont grands et ils portent une ramure impressionnante ; ceci est peut-être exagéré ou constitue une licence que s’accorde l’artiste mais peut aussi être révélateur de la qualité des cerfs des années 1860-1870.
Crealock remarque qu’à la fin du XVIIIe siècle, peu d’anglais connaissaient et pratiquaient la chasse au cerf rouge en Écosse, ce sport était inconnu de tous sauf des Écossais vivant sur place.
Cependant, vers le milieu du XIXe siècle, la situation avait changé et dès qu’un homme amassait une petite fortune, un de ses premiers souhaits était d’acheter ou louer une forêt habitée par les cerfs dans les hautes terres d’Écosse.
Crealock pensait qu’à cause de la compétition que se faisaient les riches entre eux, le prix et les loyers des forêts avaient augmenté significativement et bien qu’il reconnût que la popularité de ce sport amenait de l’argent, des emplois et l’installation de nouvelles gens dans les montagnes, il constatait aussi que la mauvaise gestion des domaines avait abouti à la reproduction anarchique des cerfs et à la diminution de la taille des grands cerfs rouges.

Un peu d'histoire…

Au XVIe et XVIIe siècles, l’Écosse était couverte de vastes étendues de forêts où les cerfs, pendant la période du rut parcouraient de grandes distances pour se reproduire et l’influx de sang nouveau qui en résultait contribuait à la bonne santé et la prolificité du troupeau.
À la fin du XVIIe siècle et début du XVIIIe, la destruction des forêts au profit de l’élevage de moutons, la spéculation sur les fermes, la prolifération des voies de chemin de fer, l’installation de clôtures, la création de comtés et de nouveaux districts contribuèrent à la raréfaction des populations de cervidés et à la diminution de la taille des individus.
Avant l’arrivée des moutons avec leurs bergers et leurs chiens, avant l’installation des enclos et avant que le rail ne sillonne le pays, les cerfs étaient libres d’aller où bon leur semblait. Lorsque cette période heureuse prit fin, les cerfs n’atteignirent pour ainsi dire plus jamais leur maturité ou leur stature d’antan.

Crealock aimait vraiment la chasse à pied, tout spécialement dans les domaines où la gestion des cerfs était encore pratiquée à l’ancienne. Il écrivait que, dans le temps, on amenait plusieurs paires de très bons chiens galopeurs et que chaque paire était confiée à un homme avec un fusil de façon à parer à toute éventualité ; ceci demandait la présence d’une main-d’œuvre nombreuse, bien entraînée et qui revenait cher. Hélas, à la fin des années 1880, il s’est rendu compte que les hommes qu’on envoyait avec les chiens ne connaissaient rien, ni à la chasse, ni au travail qu’ils étaient censés accomplir. Il ajoutait qu’il avait été heureux de connaître le temps où l’on chassait avec des deerhounds et que les hommes qui s’en occupaient savaient comment et quand les utiliser.

Autoportrait


Crealock écrivait que les opinions divergeaient sur le choix des chiens à utiliser pour le cerf : galopeurs ou pisteurs. Il trouvait que les deerhounds convenaient parfaitement à la poursuite du cerf sur certains types de terrains mais pas sur d’autres car ils étaient susceptibles de se blesser. Il pensait que sur les terrains très rocailleux ou trop pentus il ne fallait absolument pas les lâcher car emportés par leur ardeur, ils risquaient de se casser le cou, les membres…
Pour lui, dans de vastes contrées comme Achnacarry ou certaines parties de Glen Quoich et Clunie, là où les chiens étaient utilisés avec discernement par des hommes connaissant leur affaire, rien de mal ne pouvait leur arriver.
Quand il chassait, Crealock préférait être accompagné de deerhounds, très utiles pour arrêter la course d’un cerf blessé et l’empêcher de se réfugier dans les bois. Crealock avait constaté que quand on lâchait un deerhound sur un cerf, deux choses pouvaient arriver : soit que le chien rattrape le cerf et le maintienne aux abois jusqu’à ce que les chasseurs arrivent pour le finir, soit qu’il tue ou malmène le cerf et retourne à l’endroit où il avait été lâché et reste là. Pour Crealock, le deerhound n’est pas un « chien sûr » car il aurait tendance à abandonner un cerf blessé pour retourner auprès de son maître si celui-ci n’arrive pas sur les lieux assez vite et il conclut en disant que si un chien se comporte de cette façon c’est parce qu’il a été trop entraîné à se laisser guider.


Crealock affirmait que si on voulait chasser avec des deerhounds dans les forêts giboyeuses, il fallait absolument des hommes solidement entraînés à ce genre de travail. Le gillie en charge des chiens se doit de les connaître et en être connu. Il faut également qu’il ait une connaissance approfondie de la topographie des lieux et savoir où un cerf blessé serait le plus à même d’aller lorsqu’on le perd de vue. Il était d’avis qu’il valait mieux faire travailler ensemble une chienne et un chien plutôt qu’une paire de mâles à cause de la jalousie qui pouvait surgir à tout moment et amener les chiens à se bagarrer.
Crealock a écrit que les deerhounds, malgré toute l’ardeur et la ténacité qu’ils déploient, restent des chiens délicats, sensibles au froid et à l’humidité. Il conseille de les faire dormir dans des locaux à bonne température, lumineux et secs. Le sol ne doit pas être de la terre battue gorgée d’humidité. Après une dure journée à courir le cerf, il faudrait leur prodiguer des soins adéquats, à savoir un bon coup d’étrille, un repas nourrissant chaud, leur aménager une confortable couche chaude et si possible leur permettre de se sécher devant un feu ouvert afin qu’ils ne soient pas trop ankylosés, endoloris et bons à rien pour la chasse du lendemain.

CURLY
Dans son livre « Deerstalking in the Scottish Highlands » Crealock consacre beaucoup de pages à certaines chasses spécifiques ainsi qu’aux domaines où se déroulaient ces chasses, aux gillies et aux deerhounds. Il déclare que le meilleur « homme à chien » qu’il ait vu fut sans conteste le beau John Mac Donald de Balmacaan connu sous le petit nom de « Curly”. Ce monsieur entraînait les magnifiques deerhounds de Lord Seafield sur des territoires qui leur convenaient à merveille. Un autre grand entraîneur fut Alan MacLaren de Achnacarry, Messieurs Henderson, Chisholm et les hommes de Glenfishie étaient tous aussi de première stature.

Les deerhounds de Lochiel
Lorsque Crealock se rendit à Achnacarry pour la première fois c’était vers 1865 ; là, il découvrit les deerhounds de Lochiel, le chef des Camérons. Il trouva ces chiens absolument superbes surtout « PIRATE », le plus beau de tous ainsi que son frère de portée nommé « TOROM ». Or, il semble que Torom était trop grand pour travailler sur les fortes pentes et les mauvais terrains et fut vendu très cher en Angleterre où il remporta beaucoup de prix.
En revanche, PIRATE, lui, convenait parfaitement à la poursuite du cerf. Il était puissant et vif, portait une robe gris bringé foncé bien fournie en poils ayant la texture du fil de fer. Il pouvait terrasser un cerf à lui tout seul ; Henry l’a même vu une fois attraper un cerf blessé par une patte avant, le faire tomber et lui briser l’énorme mâchoire. Il saillit une chienne appartenant à Lord Seafield et sa progéniture fut presque aussi célèbre que lui-même.
FERACHA et HECTOR, les deux meilleurs chiens de la portée posèrent pour Crealock et leurs portraits décoraient les murs de la salle à manger à Balmacaan. PIRATE n’eut pas un destin heureux : un jour qu’il suivait John Macdonald dans la prairie, il se blessa profondément sur une faux restée ouverte dans l’herbe et ne se rétablit jamais suffisamment pour continuer à courir le cerf. Selon l’auteur, Lochiel avait l’une des meilleures meutes de deerhounds d’Écosse mais vers 1890 bien que sa lignée fût encore là, le nombre de chiens avait diminué à cause des ravages de la maladie de Carré et pour diverses autres raisons.

Les deerhounds à Balmacaan
Henry trouvait que les deerhounds à Balmacaan étaient d’une beauté exceptionnelle et que le pays aux alentours correspondait bien à leur utilisation. Lord Seafield aimait à chasser avec eux et en prenait grand soin. Un de ses chiens les plus prisés, nommé FINGAL, n’avait pas beaucoup de taille mais était remarquablement intelligent et vif. Il en avait deux autres connus sous le nom de GLEN 1 et GLEN 2, ils avoisinaient la classe de FINGAL et un autre très gros appelé THOR. Il y avait aussi à Balmacaan, Peogh Glen Feshie et Divoch, deux fameux lurchers croisés de colley et de deerhound ; tous les deux étaient jaunes avec un poil un tantinet plus court que celui d’un deerhound. Ils étaient très rapides, courageux et bons pisteurs.
Crealock mentionnait qu’à Glen Feshie, du temps de feu M. Horsman M. P, il y avait également de très bons deerhounds. M. Horsman était un homme de la vieille école et avait une connaissance totale de la pratique de ce sport. L’auteur parle ensuite d’une lignée bien connue de deerhounds : celle de Lord Henry Bentick qui était lui-même un chasseur hors pair. Un autre chasseur passionné, le comte de Zetland eut la chance de posséder un des derniers représentants de la lignée Bentick.
Il y eut aussi de beaux et bons spécimens chez Sir Dudley Marjorybank, futur Lord Tweedmouth à Guisachan.
Crealock apprit que ces chiens faisaient exception à la règle car ils chassaient non seulement à vue mais étaient aussi des chiens de sang, capables de tracer un cerf blessé.
À les voir, on les aurait pris pour des deerhounds de pure souche mais, leur ambivalence dans la façon de chasser donnait à penser que par le passé, il y avait eu des croisements avec d’autres races.


Des croisés Deerhound/collie
Henry avait côtoyé un certain nombre de croisés Deerhound/collie et invariablement c’est le côté deerhound qui prédominait avec une nuance toutefois, la couleur du poil tirant vers le jaune. Ces spécimens issus de croisements ressemblaient à une lignée fameuse qui avait existé chez les Grants de Invermoriston, une branche des Grant de Balmacaan.
À Invermoriston Lodge, Crealock découvrit une peinture représentant ces chiens : ils étaient très grands, très hirsutes, extrêmement puissants et de couleur jaune.
Les Grants les tenaient en grande estime ; un des deerhounds issu de cette lignée était la propriété de Lady Amory et selon Crealock, un des plus beaux chiens qu’il lui ait été donné de voir.

les frères Crealock

Pendant plus de vingt ans, Henry Hope Crealock s’est appliqué à décrire par le menu les chasses auxquelles il avait participé ; il les illustrait d’esquisses et de dessins pris sur le vif avec la ferme intention de les publier dans un grand volume. Malheureusement il est mort en 1891 avant d’avoir terminé le livre. Heureusement pour nous, son frère, le Major John North Crealock entreprit l’ordonnance des textes et des dessins et publia le livre « Deer Stalking in the Highlands of Scotland » un an après la mort de son frère.
Si vous avez la chance de parcourir ce volume, vous tomberez sur des récits de chasse très détaillés et quelques-unes des plus belles illustrations sur la chasse au cerf à pied.

Sandy Mac Allister

Le livre dans sa version originale =
https://books.google.fr/books?id=TudLAAAAMAAJ&dq=deerhound&hl=fr&pg=PR3#v=onepage&q=deerhound&f=true